Chapitre trois
Ce nest que six semaines plus tard quelle reçut une réponse de ce cher oncle avec qui elle avait tant partagé dans son enfance. Comme elle lespérait, il laccueillait à bras ouverts au nouveau monde.
« Je narrive pas à croire que je porte le titre dorpheline. Cest affreux de se retrouver seule. Mon père ma cédé tous ses biens et sa fortune, ainsi que ses terres. Je les vendrai avant de partir pour la Nouvelle-France; jai lintention de me marier là-bas. Je me demande si cest bien comme on le décrit. Jai hâte de voir lhiver blanc et velouté, les jolies petites maisons recouvertes de neige et les vieilles souches émergeant de toute cette beauté
de jolis bancs où je pourrai peut-être masseoir un jour et écrire des poèmes inspirés de cette tranquillité
»
Elle sendormit et ne se réveilla que lorsque sa gouvernante lui demanda de se coucher dans son propre lit. Elle déposa soigneusement son journal dans le tiroir sous son pupitre, comme à lhabitude, puis se coucha. Une fois dans son lit, elle se rendormit pour la nuit.
Le 28 avril, j'arrivais à LaRochelle où "La Croix des Mers", magnifique trois mâts d'au moins 120 mètres de long, était en cours de chargement. De tous côtés, des colis jonchaient le sol du quai, car le navire devait partir le surlendemain. Je me rendis au petit hôtel, où je retrouvai mon ami, Dominique, qui s'était engagé comme matelot sur le navire. Il avait toujours soif daventure et il était depuis longtemps un habitué de la mer. Nous passâmes les deux derniers jours qui nous restaient sur la terre ferme à visiter la ville. Létat de ma précieuse cargaison me préoccupait énormément, et Dominique tentait tant bien que mal détouffer cette inquiétude excessive.
Cher journal,
Lodeur de poisson est omniprésente par ici. Partout, des pêcheurs déchargent de grands filets et étendent sur les quais leurs nombreuses prises. Je reste seule, parmi tous ces gens préoccupés par la température, lhumeur de la mer et les nouvelles de la colonie. Il règne ici une atmosphère à laquelle je navais pas encore goûtée depuis le départ de papa. Là-bas, à lhorizon, le soleil se couche une fois de plus sur lAtlantique, là où bientôt, je devrai commencer ma vie. Mais Isabelle vient dérober mon esprit à la beauté des vagues.
Roxanne
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- Mademoiselle, ne croyez-vous pas quil serait plus prudent de me confier les papiers relatifs à votre héritage ? Je les mettrai en lieu sûr dans votre coffre. - Oui, bien sûr, pardonnez-moi
le port de LaRochelle est si enchanteur, jen oublie quelques moments tous ces chiffres insignifiants.
- Voyons, vous savez comme moi que, sans eux, nous ne pourrions jamais rejoindre votre cher oncle.
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