Un jour, le navire pénétra dans l'estuaire du Saint-Laurent. Notre périple allait donc bientôt prendre fin, après près de six semaines. Je devrai quitter Roxanne. Bien que je l’aimasse tendrement, un monde nous séparait et je savais très bien que nous ne pourrions pas vivre ensemble une fois qu’elle serait accueillie chez son oncle. Elle ne m’avait pas donné de précisions, mais je croyais qu’il n’accepterait pas qu’un homme comme moi prenne la main de sa nièce. J’étais si troublé, peut-être n’aurais-je pas dû m’accrocher à un rêve si précaire. Je profiterais donc des derniers moments qu’il nous reste pour passer du temps avec elle.

La Croix des Mers aborda sur les rives de la contrée inconnue quelques jours plus tard. Les quais de Québec étaient bien différents de ceux de LaRochelle. Le fleuve étroit à cet endroit forçait les navires à naviguer avec précaution. Après des adieux difficiles, les trois amis se séparèrent. Chacun prit une route différente. Dominique restait quelques jours sur les quais, puis repartait pour une autre aventure. Émile devait s’occuper de ses plants et commencer la rédaction de son rapport pour le roi. Roxanne, quant à elle, s’éloigna avec Isabelle en direction d’une petite voiture menée par deux magnifiques chevaux. Elle tenta de faire des adieux à Émile un moment très bref. C’est en larmes qu’elle entra dans la calèche. Elle était attendue par un cocher de luxe au nom de l’intendant de Champigny. Sitôt ses bagages rassemblés, ainsi que ceux d’Isabelle, le cocher les emmena à la résidence de l’intendant de Champigny. Peu avant son arrivée à la grande maison, elle s’efforca de dissimuler ses sentiments pour sa rencontre avec son oncle.

Aucune capsule pour ce chapitre		Estuaire : Partie en aval d’une rivière ou se font sentir les marées.