Chapitre douze

De nombreux plats reposaient sur la grande table. Des légumes d’une fraîcheur incroyable, des viandes sauvages qui lui étaient parfaitement inconnues et des fruits aux couleurs éclatantes étaient disposés dans une argenterie de toute beauté. Roxanne y reconnut les vieilles assiettes de sa famille quand elle vit le reflet de sa silhouette sur l’un des couverts. Son oncle lui sourit, sans rien dire. Elle comprit qu’il avait sorti cette vaisselle pour elle. Ses yeux n’avaient pas vu pareil festin depuis des lunes. Elle s’assit près de son oncle, qui lui-même, était ravi de la voir à cette table. Après qu’elle lui eût expliqué à quel point la nourriture à bord du navire avait tout à envier à ce banquet, l’intendant lui annonça la venue de l’invité d’honneur.

- Si tu veux bien m’excuser une petite minute, Roxanne, je vais aller chercher monsieur de Dreyer.

Il revint quelques instants plus tard en compagnie d’une jeune homme bien habillé et resplendissant de fraîcheur. Roxanne leva les yeux doucement, vit l’homme de dos se retourner. Les yeux de Roxanne furent éblouis par son regard. Les yeux du jeune homme s’ouvrirent également. Monsieur de Champigny avait ramené Émile du salon des invités. Les deux amoureux s’efforcèrent de ne pas parler avant que l’intendant n’eût assis Émile de l’autre côté de la table.

- Roxanne, je te présente monsieur Émile de Dreyer. Il est envoyé par sa majesté le roi Louis XIV pour établir ici une exlploitation viticole. Nous avons discuté ce matin, et nous parlerons ce soir des différentes possibilités. Monsieur de Dreyer, je vous présente ma nièce Roxanne, qui est arrivée il n’y a pas longtemps de France.
- Cher oncle, si vous me le permettez, je crains que les présentations ne soient vraiment pas nécessaires entre nous.
- Ah bon ?
Émile réussit à prononcer quelques mots, malgré le sentiment indescriptible qu’il ressentait.
- C’est exact, monsieur de Champigny, votre nièce et moi étions tous deux à bord du même navire pour la traversée.
- Eh bien ! Quel heureux hasard, mes amis ! Je suis aussi surpris que vous d’apprendre cette nouvelle.

Tout en savourant un plat d’oie et des pâtés de gibier, ils discutèrent ensemble de leur aventure. On apporta du vin à la demande de monsieur Dreyer. Il s’agissait du vin qu’il avait apporté avec lui sur les flots. Bien évidemment, il avait perdu la plupart de ses qualités en raison des mouvements incessants du navire. Mais le vin plus ou moins bon ne servit qu’à entamer la discussion au sujet de l’exploitation viticole.

- Le vin a énormément de difficulté à surmonter de tels voyages. Il serait beaucoup plus souhaitable d’en faire la production ici même.
- Je suis d’accord, d'ailleurs le vin coûte très cher ici. Si l’on pouvait en faire sur nos terres, il serait beaucoup plus accessible
- Passons donc au salon discuter de ce projet monsieur de Dreyer.
- Si vous le permettez, monsieur de Champigny, j’aimerais discuter avec votre nièce ce soir.
- Je vois… mais bien sûr. Vous pouvez vous installer dans le deuxième salon. Quant à moi, je vais aller régler différents problèmes politiques.

Les deux tourtereaux se parlèrent la nuit entière, craignant que tout ceci ne fusse que rêve et que le soleil vinsse les replonger dans une solitude immense. Émile fit une chose qu’il aurait tant aimé faire plus tôt. Il fit sa demande en mariage à Roxanne.


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